Les éleveurs de porcs du Québec attendent des réponses
Il y a déjà trois mois, la Chine bloquait ses frontières à l’importation de porc canadien. Depuis, les 2 800 éleveurs de porcs québécois subissent les contrecoups des tensions commerciales et diplomatiques entre les deux pays, qui proviennent notamment de la possible extradition vers les États-Unis d’une dirigeante du géant des télécommunications Huawei.
Un fleuron de notre agroalimentaire oublié et tenu pour acquis.
Rappelons que les éleveurs de porcs du Québec exportent 70 % de leur production. En juin dernier, au moment de la fermeture du marché chinois, la Chine était le principal acheteur de porc canadien et québécois, autant en termes de volume que de valeur.
Trois mois plus tard, les éleveurs québécois ont vu fondre leurs revenus potentiels, pour l’année en cours, de 119 millions de dollars.
Trois mois plus tard, le gouvernement canadien a peu fait pour soutenir les éleveurs de porcs du Québec et du Canada. Malgré ses efforts, le gouvernement n’a pas réussi à regagner l’accès au marché chinois. Aucune perspective n’est connue quant à une possible réouverture de ce marché, qui connaît présentement un besoin criant en viande de porc. Marie-Claude Bibeau, la ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada, n’a malheureusement pas répondu à la demande des éleveurs qui lui avaient demandé une intervention stratégique pour soutenir la compétitivité de leur secteur.
Cette situation qui perdure nous amène aujourd’hui à demander aux candidats des différents partis aux élections : comment allez-vous compenser les éleveurs pour les pertes qu’ils subissent actuellement ?
Allez-vous continuer de soutenir d’autres secteurs subissant des entraves au commerce sans rien faire pour les éleveurs de porcs ?
Allez-vous laisser nos concurrents, dont les producteurs américains qui sont eux-mêmes soutenus par leur gouvernement, s’emparer de nos parts de marchés ? Les producteurs américains ont en effet reçu une aide historique de plusieurs centaines de millions de dollars qu’ils pourront entre autres utiliser pour réinvestir dans leurs entreprises, augmenter leur capacité de production et améliorer leur productivité.
Allez-vous laisser nos concurrents nous expulser des marchés que nous avons développés à force de travail et d’innovation ?
Allez-vous abandonner la plus importante filière agroalimentaire québécoise en matière d’exportations ?
Allez-vous laisser les producteurs d’ici continuer d’utiliser leur marge de crédit et leur régime de retraite pour financer leurs activités courantes ?
Allez-vous répondre aux milliers de Québécois qui subissent les contrecoups d’un conflit qui ne les concerne pas ?
Les éleveurs de porcs du Québec attendent des réponses.
David Duval, président des Éleveurs de porcs du Québec